La rue, un espace
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Partageons la rue, pas le trottoir

Publié le 7 octobre 2015

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Le dernier Conseil national de la sécurité routière (CNSR) au cours duquel ont été évoqués les termes ambigus d’« espaces mixtes » a fait ressurgir un débat sur la fausse bonne idée « d’une circulation des cyclistes sur les trottoirs afin de rendre possible ou d’améliorer leurs déplacements. »

Ce n’est pas une bonne idée car ce n’est pas la bonne solution.

Les principes aujourd’hui reconnus appellent la réduction de l’usage des moyens motorisés pour obtenir un rééquilibrage en faveur des modes actifs, piétons et cyclistes.

Ces principes traduisent la nécessité de considérer piétons et cyclistes comme les acteurs fondamentaux de la ville.

Dans une situation où les piétons et surtout les cyclistes sont, le plus souvent actuellement, grandement défavorisés, l’idée de promouvoir le partage des trottoirs revient à créer un conflit entre deux modes de déplacements qu’il faut au contraire encourager et reconsidérer en leur assurant les meilleurs conditions de sécurité mais aussi de confort, d’agrément.

« Pas de conflits piétons/cyclistes ! »

Actuellement les piétons eux-mêmes ne disposent pas de cheminements ayant les caractéristiques requises ou ces cheminements sont obstrués par des occupations illégales ou abusives (gyropodes, divers engins roulants…). Ils connaissent déjà cette mixité car la mauvaise prise en compte des cyclistes (certains sens uniques sans double sens cyclable par exemple) conduit parfois certains cyclistes à une utilisation des trottoirs.

Or, parmi les piétons, il faut considérer les enfants, les personnes âgées, les personnes à mobilité réduite, qui sont encore plus vulnérables parmi les vulnérables, et qui peuvent vraiment ne pas être capables de gérer la présence de cyclistes sur un espace qui est censé leur être réservé.

Pour ces différentes  raisons :

  • il faut en réalité repenser l’exploitation de la totalité de l’espace public dans la perspective d’un véritable partage, non seulement de ses caractéristiques physiques, mais de son usage équilibré et convivial.
  • l’adoption d’une définition du trottoir qui avait été actée en 2009 au comité technique du code de la rue reste pour la Rue de l’avenir un objectif essentiel.

L’idée de la mixité piétons/cyclistes sur les trottoirs est en fait la marque du refus d’accomplir ce partage de l’espace public qui implique notamment la réduction de l’espace octroyé aujourd’hui avec excès aux véhicules motorisés.

En effet il est  – toujours – possible, soit de trouver dans l’espace public l’espace nécessaire à la création d’une bande cyclable, par réduction du nombre de voies dédiées au trafic auto ou par réduction de leurs largeurs ou par suppression d’une file de stationnement, soit de réduire la vitesse du flot circulatoire afin de le rendre compatible avec une utilisation mixte, partagée avec les cyclistes.

S’il existait des cas où les trottoirs sont trop larges ( !), plutôt que d’y admettre les cyclistes il serait préférable de réduire la largeur du trottoir et d’élargir la chaussée.

Rappel : pour le franchissement des carrefours la sécurité des cyclistes est meilleure lorsque les cyclistes se trouvent mêlés à la circulation générale.

Il y a toujours de la place pour les cyclistes sur les chaussées de nos rues, et c’est là qu’est la  place de leur véhicule.

La règle pourrait être désormais de donner aux autos « ce qui reste » une fois les acteurs fondamentaux de la ville, piétons et cyclistes, assurés des conditions optimales pour leurs déplacements dans les meilleures conditions de sécurité et de confort ?

L’usage de l’auto doit être réduit à ce qui est strictement nécessaire au regard d’une utilité économique et sociale, ce qui ouvre une large marge de manœuvre.

L’équité dans l’exploitation de l’espace public doit se traduire en cas de pénurie d’espace par la répartition de la contrainte entre tous les acteurs de cet espace. Qui ne sont pas d’ailleurs uniquement des personnes se déplaçant mais peuvent être aussi des structures d’informations, d’animations ou commerciales (panneaux publics, divers mobiliers, terrasses, …).

Ces solutions sont toujours possibles et sont impérativement nécessaires conformément aux principes en vigueur aujourd’hui. Ces solutions sont possibles à condition… de les rechercher par les moyens traditionnels d’études sérieuses et sincères, et à condition de tourner le dos à une certaine routine intellectuelle.

Gilbert Lieutier