Les aînés
Dans 30 ans, la part des plus de 75 ans dans la population aura doublé. La santé et l’autonomie des séniors dépendent en partie de leur mobilité piétonne : la marche est souvent le seul exercice physique pratiqué ; les autres modes de déplacements autonomes sont progressivement abandonnés avec l’avancée en âge.
Or les seniors sont surreprésentés dans les accidents piétons. Parmi les 91 piétons tués en 2016 de plus qu’en 2015, 54 avait plus de 75 ans et 7 entre 60 et 75 ans. La part des plus de 75 ans qui est de 9% dans la population représentait en 2016 36% des personnes tuées en tant que piéton.
Par ailleurs9 000 décès et 1 300 000 recours à des soins sont consécutifs à des chutes de personnes âgées de plus de 65 ans selon les études réalisées par les instituts spécialisés et 16% de ces chutes se produisent sur l’espace public.
Accueillir les aînés dans un espace public où les déplacements à pied sont effectués avec le moins de risques possibles de chuter ou d’être accidenté est donc un enjeu pour une ville plus solidaire et le bien-être de tous. Une récente étude du CEREMA* fait le constat suivant :
- Avec l’âge l’autonomie se réduit à la suite de la fin de l’activité professionnelle, de l’arrêt de l’usage d’une voiture ou de la pratique cycliste et la part modale de la marche est plus importante pour les seniors 65-74 ans (30%) +75 ans (40%) que pour l’ensemble de la population (21 %).
- La durée moyenne des déplacements quotidiens tous modes confondus diminue avec l’âge : elle passe de 50 minutes en moyenne pour les 60-74 ans à 28 minutes pour les plus de 75 ans, et le territoire de vie se rétrécit. (ENTD 2008)
- Une forte proportion des seniors ne sort pas de chez elle sur une semaine complète ; 14 % des 75-85 ans et 30 % des plus de 85 ans en 2008. L’évolution de la mobilité s’explique par l’apparition de limitations fonctionnelles ou psychologiques, mais elle est accentuée par des facteurs environnementaux. Ainsi outre la fatigue, le principal facteur de renoncement à se déplacer évoqué par les seniors est un sentiment de peur :
- de chuter
- d’être accidenté
- d’être bousculé
- des incivilités
- de l’imprévu
- de la malpropreté de l’espace public
- 80 % des seniors accidentés le sont dans « leur droit » contre 65 % pour les piétons de 25-64 ans. La responsabilité du conducteur est engagée par refus de la priorité piétonne, non-respect du feu tricolore, vitesse excessive, mauvais contrôle en marche arrière, déplacements de véhicules sur les trottoirs. 70% à 80% des accidents ont lieu lors de traversées.
Les difficultés des piétons âgés sont liées à la diminution des capacités physiques, perceptives et cognitives.
En complément de la modération de la vitesse et de la circulation l’étude recommande de renforcer les aménités urbaines et d’aménager les espaces publics et les cheminements de façon à ce que les seniors puissent mobiliser leur attention sur autre chose que le risque de chuter par :
- des espaces publics suffisamment commodes et confortables avec des lieux de pause et de toilettes en nombre suffisant ;
- un dimensionnement adapté des cheminements ;
- des cheminements libres d’obstacles ; les cyclistes doivent disposer d’aménagements spécifiques afin de ne pas utiliser les trottoirs ;
- une gestion de la cohabitation avec les véhicules silencieux (trams, véhicules électriques et cycles) ;
- des traversées à feux avec des temps de traversées adaptés aux possibilités des seniors,
- des îlots refuges en présence de fort trafic.
Amélioration de la sécurité aux passages piétons, Sécurité Routière Plus, Page Web
Piétons séniors et aménagement de la voirie en milieu urbain, Rapport, CEREMA, 06/2016, PDF, 44p
Lien vers le site du CEREMA pour télécharger le rapport (gratuit) :
https://www.cerema.fr/fr/actualites/pietons-seniors-amenagement-voirie-milieu-urbain